Le Poseïdon des Grecs ou le Neptune des Romains n’eut guère d’ancètres dans l’ancienne Egypte. Aucun dieu de la mer n’y était vénéré. Les marins de Pharaon étaient pourtant d’hardis voyageurs. Ils sillonnaient en tous sens la « grande Verte », -les mers Méditerranée et Rouge-, sur des galères semblables à celles qui voguaient sur le Nil. Les cales contenaient des objets ouvragés et des céréales de la Mère Patrie, ainsi que divers produits d’importation: bois du Liban, cuivre d’Asie Mineure, ivoire et ébène du mystérieux pays de Pount. Sa localisation n’a été fermement déterminée; elle fluctue au gré des recherches entre l’Erythrée et le sud de l’Arabie.
C’est au retour d’une expédition à Pount, commanditée par la reine Hatchepsout vers 1500 av J.C., que les navigateurs égyptiens se couvrirent de gloire. Les récits de leurs tribulations furent même gravés et illustrés sur un mur du temple funéraire de la souveraine à Deir El-Bahari,près de la ville de Thèbes,l’actuelle Louxor. Ils s’accompagnent de rarissimes représentations antiques d’animaux de la mer Rouge.¨
La flottille, qui comprenait cinq navires longs d’une vingtaine de mètres, s’élança sur les flots au nord de Quoseir. Un souffle sacré gonflait les voiles: le dieu Amon avait exhorté par un oracle de receuillir à Pount des arbres à encens. Leur acclimatation à Thèbes honorerait la divinité et affranchirait le pays du commerce de la résine nécessaire au culte. Les 250
hommes embarqués, essentiellement des rameurs, parvinrent à destination un mois plus tard. Les émissaires furent reçus par les « Grands de Pount » en personnes. La reine fit les délices des artistes thébains: ils forçèrent allègrement le trait sur ses rondeurs excessives,que ne dissimulent guère des draperies diaphanes.
A Deir El-Bahari, sous les différents registres de narration du voyage, court, ou plutôt nage, une frise sculptée de céatures aquatiques. Y figurent notamment une langouste, une raie, un calamar. Nous croyons reconnaître aussi un requin, un diodon, un poisson-licorne. Ce bestiaire apparaissait bien exotique aux yeux des Egyptiens, blottis dans la vallée du Nil. L’évocation d’un univers étrange et l’énoncé des motivations spirituelles inscrivaient l’expédition dans une sphère surnaturelle.
Les Pountites cédèrent à leurs hôtes de nombreux plants d’encens. Seuls trente et un d’entre eux parvinrent intacts en Egypte, et aucun ne semble avoir pris racine dans la terre du sanctuaire d’Amon. Ils germèrent toutefois dans la mémoire des hommes et alimentèrent leur créativité.
Arnaud CHICUREL avec l’aide de Laurence LAGNY.
ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE :
– « La civilisation égyptienne ». A.Erman et H.Ranke.1952. Ed.Payot.- « Hatchepsout,femme pharaon ». Ph.Martinez. In « les dossiers d’archéologie ». N° 187 ,nov.1993.
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